Né le 3 janvier 1929 à Rome, fils du metteur en scène italien Roberto Roberti et de l’actrice Bice Valerian, Sergio Leone était prédestiné au cinéma. Il débute dans le milieu en tant qu’assistant, aussi bien de cinéastes italiens (Le Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica, 1949) que de cinéastes américains tournant en Italie (Quo Vadis de Mervyn LeRoy, 1951 ; Ben-Hur de William Wyler, 1960). C’est vers la fin des années 50 qu’il commence à écrire ses premiers scénarios, puis remplace le réalisateur Mario Bonnard sur le tournage de Les Derniers Jours de Pompéi (1959), au générique duquel il sera crédité comme coréalisateur.
Suite au succès de cette aventure, il se voit confier la réalisation d’un péplum, Le Colosse de Rhodes (1961). Après avoir dirigé la seconde équipe du film de Robert Aldrich, Sodome et Gomorrhe (1961), et face au déclin progressif du western américain, le cinéaste italien se réapproprie le genre en accouchant d’un remake du film Le Garde du corps d’Akira Kurosawa qu’il nommera Pour une poignée de dollars (1964) réalisé sous le pseudonyme de Bob Robertson. Par ce deuxième long-métrage, Leone s’impose comme le chantre d’un style nouveau, celui du western “spaghetti”. Le cinéaste s’évertue en effet à briser les codes du western traditionnel en parodiant les situations typiques, en privilégiant la lenteur et en étirant les scènes à l’excès, usant des gros plans (colts, visages, regards) comme s’il filmait des paysages. La naissance de ce style propre à Leone marque aussi la première collaboration du maître avec le décorateur Carlo Simi et le compositeur Ennio Morricone, qui signera la bande originale de tous ses autres films. En plus d’être un succès mondial, le film contribue à l’émergence d’une star américaine, Clint Eastwood, qui reprendra d’ailleurs le rôle du célèbre Homme sans nom dans les deux autres opus de la trilogie dite “des dollars”.
Dans Et pour quelques dollars de plus (1965), Leone peaufine et approfondit ce qui faisait l’esprit et l’atmosphère de son premier western, et travaille avec des pointures comme les comédiens Lee Van Cleef et Gian Maria Volonte (que l’on avait déjà vu dans Pour une poignée de dollars). Le troisième volet de sa trilogie, Le Bon, la brute et le truand (1966), peut se voir comme l’affirmation pleine et entière de son style, auquel il adjoint une dimension historique. Clint Eastwood partage l’affiche avec Lee Van Cleef et Eli Wallach.
Malgré une certaine lassitude face aux westerns, Leone s’associe à la Paramount pour réaliser l’ambitieux Il était une fois dans l’Ouest (1968), véritable opéra moderne dans lequel le cinéaste convie des stars internationales comme Henry Fonda, Charles Bronson et Claudia Cardinale. Le film s’effondre au box-office américain, mais triomphe en France (14 millions d’entrées). Beaucoup le considèrent comme son chef d’œuvre. Il était une fois dans l’Ouest, dont l’histoire fut co-signée par Bernardo Bertolucci et Dario Argento, est aussi l’œuvre introductrice d’une seconde trilogie, consacrée à l’histoire de l’Amérique. Après trois années d’absence, Leone réalise péniblement Il était une fois la révolution (1971), avec Rod Steiger et James Coburn, film dans lequel il dépeint la révolution mexicaine et les massacres de 1913. Par ailleurs, il produit et participe à la réalisation de deux westerns spaghettis, Mon nom est Personne (1973) de Tonino Valerii et Un génie, deux associés, une cloche (1975) de Damiano Damiani, tous deux avec Terence Hill.
Après avoir décliné la réalisation du premier Le Parrain (1972), qui sera finalement confiée au jeune Francis Ford Coppola, le cinéaste italien se penche sur son propre projet de film de gangsters, Il était une fois en Amérique (1984). Leone mettra plus de dix ans à monter son chef d’œuvre, fresque new-yorkaise, qui s’étend des années 20 aux années 60, et dans laquelle on retrouve notamment Robert De Niro, James Woods et Joe Pesci.
Il était une fois en Amérique est certainement un des plus grands films jamais réalisé. Il n’a reçu aucun Oscar l’année de sa sortie.
Le maestro italien parachève là une œuvre où se côtoient le lyrisme, l’héroïsme, l’avidité et le crime. Savait-il ou non qu’Il était une fois en Amérique serait son ultime film ? Rien n’est moins sûr ; il rêvait d’un dernier volet sur la guerre civile qu’il n’aura pas le temps de mettre en chantier. Reste que ce film est son projet le plus dantesque : il a fallu 12 ans d’écriture avec une vingtaine de scénaristes pour venir à bout de l’adaptation de The Hoods de Harry Grey tel que Sergio Leone l’envisageait, cinq d’entre eux (Leonardo Benvenuti, Piero De Bernardi, Enrico Medioli, Franco Arcalli, Franco Ferrini) sont crédités avec Leone au générique. La distribution réunit Robert De Niro, James Woods, Elizabeth McGovern, Jennifer Connelly et Joe Pesci à leur meilleur, symboles du gâchis d’une vie corrompue. Le tournage dura 45 semaines, le budget explosa à 51 millions de dollars, en partie en raison de la reconstitution parfaite du New-York des années 1920. La version idéale à laquelle parvient Leone dure 4h25. Mais le cinéaste doit faire avec les contraintes qu’on lui impose et valide à contrecœur une version de 3h49 pour la première au Festival de Cannes de 1984. L’accueil est triomphal. C’est cette version qu’on découvre en Europe. Mais les Américains ont un contrat et lui arrachent le final cut pour sortir une version de 2h19 remontée dans l’ordre chronologique. Sergio Leone renie aussitôt cette version tronquée. Il faudra attendre près de trente ans et l’acharnement d’un cinéphile nommé Martin Scorsese ainsi que le savoir-faire de la cinémathèque de Bologne pour découvrir, d’abord au Festival de Cannes 2012, puis en salles en 2015, une magnifique version de 4h11, très similaire à celle que désirait le maestro.
Peu avant sa mort, qui survient le 30 avril 1989, le cinéaste avait développé un ultime scénario, construit autour du siège de Leningrad entre 1941 et 1944.
En seulement six films réalisés personnellement, Leone a su imposer un style cinématographique unique. Son œuvre a exercé une influence fondamentale sur le cinéma contemporain à travers le monde entier, et particulièrement chez les réalisateurs cinéphiles comme Quentin Tarantino.
1984, Il était une fois en Amérique
1971, Il était une fois la Révolution
1968, Il était une fois dans l’Ouest
1966, Le Bon, la Brute et le Truand
1965, Et pour quelques dollars de plus
1964, Pour une poignée de dollars